Massimo Silverio Hrudja
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Une fenêtre sur l’âme : l’authenticité de Massimo Silverio
Dans « Hrudja », Massimo Silverio, né dans les Alpes Carniques, nous offre un voyage intime à travers le prisme de sa langue maternelle, le carnic. Ce langage minoritaire, parlé dans une région isolée de l’Italie, sert de toile de fond à un album où tradition et modernité se rencontrent. Silverio, qui a commencé sa carrière musicale en produisant deux EP auto-produits et en collaborant avec le groupe gallois Adwaith, livre ici un travail qui est à la fois un hommage à ses racines et une exploration audacieuse de nouveaux territoires sonores.
Des mélodies qui traversent le temps et l’espace
L’album s’ouvre sur « Šchena », une piste qui établit immédiatement le ton de l’œuvre avec ses cordes mélancoliques et la voix chuchotée de Silverio. La production de Manuel Volpe et les contributions musicales de Nicholas Remondino ajoutent des couches de complexité à chaque piste, mélangeant des instruments classiques et folkloriques avec des éléments électroacoustiques et électroniques pour créer une sonorité à la fois ancienne et résolument moderne.
Un tissage de contrastes
Chaque chanson de « Hrudja » est un tableau de contrastes : le traditionnel se heurte au contemporain, le folklorique à l’expérimental. Dans des morceaux comme « Criure » et « Šcune », Silverio utilise des formes traditionnelles de chansons frioulanes, les « villottes », tout en les infusant de touches modernes comme des percussions préparées et des synthétiseurs décalés. Ces dualités caractérisent l’essence de l’album, créant une intrigue et une intelligence qui relient chaque chanson.
Un récit minoritaire, mais universel
Alors que le frioulan est la langue centrale de l’album, l’inclusion de paroles en anglais dans des chansons comme « Algò » et « Colâ » aide à raconter une histoire à la fois minoritaire et universelle, reflétant honnêtement un monde où les langues presque oubliées rencontrent celles dominantes. La force et la défiance présentes dans les moments denses et dissonants de l’album sont toujours magnifiquement contrastées par la fragilité sombre de la voix chuchotée et proche de Silverio.
Une conclusion épurée et sincère
Le joyau épuré qui clôt l’album, « (Grim) », ramène l’auditeur à l’essentiel : la voix délicate de Silverio et sa guitare classique doucement grattée, le tout encadré par un esthétique d’enregistrement lo-fi et accompagné par un chœur de grillons qui chantent doucement. Ici, nous pouvons le plus vivement imaginer un paysage alpin débordant de beauté naturelle, un lieu de repos calme et considéré pour que le drame se taise.
Un sculpteur musical façonnant l’ancien et le nouveau
À travers « Hrudja », Massimo Silverio se démontre plus comme un sculpteur qu’un peintre, découvrant de nouvelles formes dans la pierre ancienne et utilisant les fissures de ce qui a précédé pour guider la voie de sa création. L’arrangement à travers l’album est audacieux et frappant mais fondamentalement minimaliste, permettant à des airs d’élégance et de fragilité de respirer au-dessus d’un ventre d’obscurité et de mélancolie, résultant en une œuvre magnifiquement considérée qui frappe d’une sincérité passionnée et intemporelle.