Par Clémence

Tim Hecker revient en force avec « No Highs », une plongée au cœur des abysses sonores, une opposition claire à l’ambient classique et positive qui semble dominer la scène actuelle. Cette sortie du 7 avril 2023 sert de phare au milieu d’un océan de conformité, diffusant une lueur d’inconfort, à la fois inquiétante et attirante.

Dès « Monotony », l’auditeur est invité dans une danse entre calme et tempête, où chaque piste nous déstabilise par sa richesse et sa complexité. Les titres, tels que « Glissalia » et « Winter Cop », oscillent entre des moments d’apaisement et de chaos, tandis qu' »Anxiety » et « Sense Supression » explorent les tréfonds de l’inquiétude.

La musique de Hecker sur cet album est une véritable mosaïque sonore : les pulsations électroniques qui évoque du code morse, clignote, telle une balise de détresse tandis qu’un orage de cordes, de noises et de basses profondes gronde en arrière-plan. Les échos de saxophone modal de Colin Stetson ajoutent une texture enivrante à cet ensemble déjà riche.

Mais le véritable génie de « No Highs » réside dans sa capacité à évoquer une intensité dramatique sans jamais succomber au spectaculaire. Comme le mentionne Hecker, il s’inspire de la « négation » : c’est le tumulte sans le tapage, l’extase ancrée, une fuite de la fuite. Avec « No Highs », Hecker nous propose une œuvre à la fois rugueuse et envoûtante, sans compromis, nous invitant à plonger toujours plus profondément dans ses alchimies grises de troubles majestueux.